Bilan
Bravo, merci, bravo, merci, youpi, le désherbage des carottes est terminé !
Nous en sommes venus à bout ce matin avec un petit groupe d'amapiens terriblement efficaces et le résultat est super GRATIFIANT ! (C'était un peu le mot de la matinée !)
Sans conteste, le fameux trophée de la Carotte d'Or peut être attribué cette année à Ghislaine qui a été le moteur de ces opérations désherbages.
Bravo à celles et ceux qui ont suivi son élan, qui sont venus et revenus, qui nous ont offert ces heures prises sur leur temps libre.
Même si vos dos, vos muscles et articulations vous rappellent que c'était dur, je suis certaine que ces partages, ces liens renforcés nous laisseront à tous de vrais bons souvenirs et une douce saveur (de carotte ?)
Merci encore et encore à vos généreuses mains. Merci de nous aider à garder la tête hors de l'eau, de nous faire retrouver le sourire dans cette déferlante. Merci pour ce baume au cœur.
Votre contribution nous aide énormément et nous réconforte. Je ne sais pas si vous imaginez à quel point ...
Car nous perdons pied et avons l'impression de laisser chaque jour un peu plus de notre santé et de notre moral au fond de ce jardin. Il nous faudrait un peu de recul ...
Cette impression que notre travail est sous-évalué, mal reconnu, mal valorisé et sous payé nous mine.
Avec le temps qui passe, nous trouvons que c'est de plus en plus difficile et nous en sommes à nous dire que ce n'est finalement pas très sympa pour eux d'orienter des jeunes vers ce métier.
Quand on est totalement épuisé même les utopies se flétrissent...
En l'état actuel, la vision de notre travail ne fait pas rêver. Travail physiquement éprouvant et qui n'est jamais fini, qui ne s'arrête jamais, quelles que soient les conditions climatiques, pas d'arrêts maladie, peu ou pas de congés (mais de toutes façons, les revenus dégagés ne permettraient pas de les financer, alors ..) et beaucoup, beaucoup de pression.
Pour rendre acceptables les conditions de travail et de vie d'un petit producteur, il faudrait que chacun accepte de rémunérer ce travail à sa juste valeur. Redonner à l'alimentation sa vraie place dans les budgets familiaux. On en est loin !
Pourtant tout le monde a tout à y gagner.
Tout d'abord, quand on reprend le contrôle de son alimentation, en s'alimentant sainement, en évitant d'ingurgiter trop de pesticides, on reprend aussi le contrôle de sa santé.
Evidemment aussi, on préserve la planète, on pollue moins (pas de produits chimiques, peu de transport) on ne gaspille pas (on ne rejette pas les légumes "moches", un peu abîmés ou non calibrés, on limite les emballages, on recycle).
Et aussi on renforce un tissu économique local qui, sans passer entre les mains des lobbys, multinationales et autres spéculateurs, relance des activités artisanales et solidaires. A l'échelle de la vraie vie. Avec des valeurs humaines, du lien et de la bienveillance et non du profit, du profit et du profit ...
Si nous étions plus nombreux à avoir conscience de l'importance et de l'urgence primordiale de revenir à une agriculture saine et locale, à une économie saine et solidaire, les choses iraient mieux.
Bien sûr, il reste au fond de moi -et heureusement - cette conviction que nous faisons notre part pour un monde meilleur, que nous faisons un magnifique métier, qu'il y a aussi des bons côtés, des avantages et parfois de belles satisfactions (comme celle de ce matin :)) ... Il faudrait juste que la rémunération de ce travail permette de le faire dans des conditions moins difficiles, avec quelques vraies pauses.
Pour la prochaine saison de nos AMAP, en octobre, nous ne voulons pas revivre une année aussi difficile. Nous allons réduire un peu le nombre de paniers pour diminuer le volume des cultures et réduire aussi le nombre de semaines de livraisons (à certaines périodes surchargées, le cumul des plantations + récoltes est vraiment difficile à gérer)
Bien sûr ça va impliquer une augmentation du prix des paniers. Mais pas de nos revenus ! (le but n'étant de toutes façons pas de s'enrichir mais de continuer à s'en sortir dans de meilleures conditions, sans être constamment épuisés)
Si nous pouvions juste arriver à faire quelques pauses, avoir le temps d'apaiser un peu nos douleurs, nous n'en demandons pas plus. Récemment on m'a dit que je n'avais pas besoin de vacances puisque j'étais toujours au grand air !! C'était dit tellement innocemment par quelqu'un qui n'a aucune conscience de la réalité de notre métier que ça m'a juste fait sourire ... mais un sourire un peu amer tout de même...
J'adresse ma profonde gratitude à ceux qui ont déjà tout compris et qui continueront avec nous. Je reste pleine d'espérance pour que les autres comprennent un jour ... avant qu'il ne soit trop tard, avant que la Terre n'en puisse plus, avant que le Monde ne s'effrite, malade, usé par ses distorsions, ses disparités honteuses, sa folle course à la croissance infinie ...
Nos choix de consommation, nos choix de vie, sont influants, on le sait !
Et ce n'est que par des initiatives solidaires et locales que les choses évolueront du bon côté.
Nous faisons partie de la solution.
Il faut des milliers de petits colibris ... partout ... partout.
la part du colibri